Ces dernières années, la controverse autour du cannabis prend de plus en plus d’ampleur. Pour les uns, il s’agirait d’une drogue qui nuirait gravement à la santé. Pour les autres, le CBD aurait de nombreuses vertus thérapeutiques. D’ailleurs, sa consommation est déjà légalisée dans certains États américains (Californie par exemple).
En France, l’utilisation du CBD est soumise à une règlementation plus ou moins souple. On retrouve le produit sous différentes formes sur le marché. Cependant, les avis sur cette substance sont divergents. En effet, la plupart des consommateurs n’en ont que peu d’informations. Et, pour ceux qui croient en savoir davantage, les vertus du CBD restent encore à prouver.
Qu’est-ce que le CBD ? Quelles sont ses formes ? Que dit la loi ? Y a-t-il une différence entre le CBD et le THC ? Le CBD a-t-il vraiment d’effets thérapeutiques ? Retrouvez ici la réponse à toutes vos questions.
Sommaire
Qu’est-ce que le CBD ?
Le CBD (cannabidiol) est l’une des multiples substances présentes dans la plante de cannabis. Si cette substance occupe aujourd’hui l’attention des scientifiques et des consommateurs, il faut dire que c’est grâce aux travaux de certains pionniers. En effet, le CBD a été extrait pour la première fois en 1940 par Roger Adams, un chercheur américain. Il a fallu attendre 23 ans (1963) pour que la structure moléculaire de la substance soit révélée par Raphaël Mechoulam, un chercheur de l’université hébraïque de Jérusalem. Ce travail scientifique a d’ailleurs ouvert les vannes de recherches sur les applications pharmacologiques de ce composant du cannabis.
Aujourd’hui, l’utilisation du cannabidiol s’est démocratisée et on le retrouve dans plusieurs produits.
On retrouve en effet un nombre important de produits contenant du CBD sur le marché français. La large gamme de cigarettes électroniques, de produits cosmétiques et de E-liquides a d’ailleurs poussé les autorités sanitaires à donner des clarifications sur la législation qui encadre l’utilisation de cette substance.
Sous quelles formes se présente le CBD ?
En France, le CBD est disponible sous plusieurs formes. Les plus répandues sont les poudres et les huiles alimentaires. Précisons que vous pouvez trouver des cristaux de cannabidiol pour certaines préparations culinaires.
Selon vos besoins, vous pouvez vous procurer de l’huile de CBD dans une boutique physique ou sur des plateformes de e-commerce. S’il existe plusieurs manières de consommer ce liquide, l’usage le plus courant est d’en faire couler quelques gouttes directement sous la langue pour remédier au stress. Si vous voulez, vous pouvez également l’ajouter à vos aliments. Pour le moment, il n’existe aucune recommandation sur la quantité à utiliser par jour. Cependant, vous devez éviter tout usage abusif de ce produit.
CBD et THC : de quoi s’agit-il ?
Parmi la multitude de cannabinoïdes qui existe, le cannabidiol (CBD) et le tétrahydrocannabinol (THC) sont les deux qui défraient plus la chronique. D’après certaines études, ces deux composés auraient des bienfaits sur la santé.
Aujourd’hui, le THC est largement connu pour son action sur le système nerveux. Une fois consommée, cette substance agit de façon directe sur le cerveau et modifie l’état de conscience du consommateur. De manière générale, les fortes doses de THC provoquent des effets similaires à ceux des substances hallucinogènes. En le consommant, vous aurez des sensations de bien-être général, de relaxation, voire d’euphorie. Selon le cas, on note :
- un changement brusque de la couleur des yeux ;
- une dilation des pupilles ;
- des troubles d’anxiété ;
- des crises d’angoisse
- etc.
En revanche, le CBD ne produit aucun de ces effets. Il corrige les crises d’angoisse et la dépression provoquées par le THC. Selon certaines recherches réalisées par l’OMS, le CBD aurait de nombreuses vertus. Il ne présente aucun danger. Le consommateur ne court aucun risque d’addiction. Toutefois, l’instance ne recommande pas l’utilisation médicale de cette substance. Il faut attendre des preuves scientifiques.
Que dit la loi sur le cannabidiol ?
En France, la loi interdit toutes les transactions liées au cannabis. Les produits contenant du cannabidiol sont donc concernés par cette interdiction. Néanmoins, il existe une sorte d’autorisation exceptionnelle pour l’utilisation du chanvre à des fins industrielles et commerciales.
Cette dérogation concerne certaines variétés de cannabis jugées non stupéfiantes. Même dans ces cas, il existe des restrictions. D’après les dispositions de la loi, les fibres et les graines de ces plantes sont les seules parties utilisables. Par ailleurs, leur teneur en tétrahydrocannabinol (THC) doit être strictement inférieure à 0,2 %. En conséquence, tout produit dérivé du CBD devrait être autorisé par l’ANSM et la Commission européenne avant sa commercialisation. Tout manquement à cette procédure expose la personne fautive à des sanctions.
Les perspectives d’évolution de la règlementation relative au cannabidiol
Depuis des années, le CBD est présent sur le sol français. Jusque-là, il n’existe aucune loi qui prohibe son utilisation. Cependant, il est important de noter que seule la forme liquide de cette substance est réellement autorisée. Tout usage des résines de cannabis ou de ses fibres est simplement une violation de la loi. En effet, la teneur en THC contenu dans ces parties de la plante est supérieure à 15 %. C’est pour cette raison que la loi interdit l’utilisation des fibres et des graines.
En outre, les publicités vantant les bienfaits du CBD comme médicament sont interdites. Cependant, des chercheurs mandatés travaillent dans l’ombre pour pouvoir prouver les bienfaits potentiels de cette substance afin de permettre aux consommateurs d’en tirer le meilleur.
Vendre, acheter ou cultiver du CBD : est-il légal ?
Si les autorités sanitaires semblent être claires sur la règlementation relative au cannabidiol, l’existence de la dérogation concernant certains de ces produits ne rend pas toujours les choses aisées pour les consommateurs. Si cette exception constitue une avancée importante, elle plonge certains consommateurs dans une zone grise. Il est donc nécessaire de faire preuve de prudence pour ne pas s’exposer à des ennuis judiciaires.
Sous certaines conditions, l’achat de produits contenant du CBD est légal. Ce composé organique n’est donc pas totalement interdit. Si les autorités condamnent à raison l’usage des produits stupéfiants, il est important de préciser que le CBD n’est pas une drogue.
L’autorisation exceptionnelle concernant certains composants du cannabis ne touche pas aux fibres et aux graines. Il est donc illégal d’utiliser les fleurs du cannabis pour produire du CBD. Vous pouvez toutefois cultiver du chanvre chez vous, à condition de ne pas utiliser ces fleurs.
Pour ceux qui souhaitent commercialiser des produits contenant du cannabidiol, la loi impose des restrictions.
Quelle que soit sa forme, le produit fini ne doit pas contenir de THC.
Dans le cas contraire, la commercialisation serait impossible. À noter que cette exigence reste valable, peu importe le taux de THC contenu dans le produit. En effet, le taux de 0,2 % dont il est question dans l’article 1 de l’arrêté du 22 août 1990 fait simplement allusion à la proportion de THC présente dans la plante du cannabis.
Ces dernières années, plusieurs coffee-shops et autres boutiques ont été obligées de mettre les clés sous le paillasson. En effet, la commercialisation de produits composés de fleurs et de feuilles de cannabis n’est pas autorisée. En revanche, il est permis de vendre des E-liquides, des fleurs de CBD et des huiles de CBD, à condition que ces produits ne contiennent pas du tout de THC.
Pour le moment, seulement quelques variétés de plantes peuvent entrer dans la composition des produits vendus en boutique. Si vous envisagez donc de vous lancer dans la commercialisation des produits contenant du cannabidiol, vous devez veiller à choisir un fournisseur sérieux qui n’utilise que des plantes autorisées pour ses productions. Retenez aussi que le CBD ne doit pas être vendu comme médicament.
Le CBD : une substance difficile à utiliser librement
Dans des pays comme la Belgique ou le Royaume-Uni, l’usage du cannabis à des fins médicales est légalisé. Comprimées, feuilles à ingérer dans des gâteaux ou à inhaler, les possibilités sont nombreuses. En France, l’autorisation du cannabis médical est plus ou moins laborieuse. Jusque-là, seuls deux médicaments contenant des cannabinoïdes sont autorisés sur le territoire français. Il s’agit du Sativex et du Marinol. Le premier est indiqué pour soulager les patients qui souffrent de sclérose en plaques. Autorisé depuis 2014, ce médicament n’est toujours pas disponible dans les pharmacies. En effet, les autorités et les laboratoires ne sont pas encore parvenus à un accord quant au prix du médicament. En cas d’urgence, vous pouvez toutefois vous en procurer dans un autre pays d’Europe, sur prescription médicale.
De son côté, le Marinol est indiqué pour traiter les douleurs neuropathiques provoquées par des lésions au niveau du système nerveux central. Pour pouvoir vous le prescrire, votre médecin traitant doit aviser l’agence nationale de sécurité du médicament français (ANSM) pour tenter d’obtenir une autorisation.
Si les produits contenant du cannabidiol ne sont pas interdits en France, leur utilisation est rarissime. Il faut en effet mener des démarches compliquées pour obtenir l’autorisation d’utiliser ces produits. Du coup, il est plus ou moins difficile de se procurer légalement ces médicaments en cas d’urgence.
Pour contourner ces difficultés, certains patients préfèrent fumer le cannabis de façon illicite. Il est donc difficile, voire impossible, de maîtriser leur consommation en qualité et en quantité. Or, un usage bien réglementé pourrait permettre de réduire les nuisances de ces produits et d’éviter le risque d’addiction.
L’autre problème, c’est de savoir qui peut prendre des produits contenant des cannabinoïdes et qui ne peut pas. Dans les normes, seul un spécialiste peut donner les contre-indications. Mais, le flou qui règne autour du sujet ne facilite pas les choses. Dans plusieurs endroits du monde, les recherches sur le cannabis médical ont très peu de soutien. Ces pays se privent ainsi d’une belle option thérapeutique pour soulager certaines maladies.
Les effets thérapeutiques du CBD
Quand on parle de cannabis, la première idée qui nous vient en tête, c’est les drogues. Or, depuis plusieurs années, des chercheurs ont travaillé et continuent de travailler pour mettre en exergue les effets thérapeutiques de cette plante.
Si le cannabis a longtemps été dénoncé, il constitue aujourd’hui un remède efficace. Dans de nombreux pays, le cannabis thérapeutique est utilisé pour soigner certaines maladies. De manière générale, ce produit se compose de cannabinoïdes qui sont des composés chimiques capables d’interagir avec notre organisme pour lui procurer de nombreux bienfaits.
D’après certaines scientifiques, les vertus du CBD sont diverses. En effet, le cannabidiol aurait des propriétés thérapeutiques pouvant traiter les cas suivants !
- La schizophrénie : le CBD est utilisé comme antipsychotique.
- La dépression et l’anxiété : ce composant du cannabis agit comme un puissant anxiolytique pour réguler l’humeur et corriger la dépression.
- La douleur et l’inflammation : le cannabidiol possède d’excellentes propriétés anti-inflammatoires et antalgiques.
- L’épilepsie : chez les personnes souffrant d’épilepsie grave qui résiste à tout médicament, le CBD est un remède efficace.
- Le cancer : ce composé organique empêche la prolifération des cellules cancérigènes.
- Le diabète : le CBD possède un principe actif qui réduit l’incidence de cette maladie.
- La sclérose en plaques : le CBD est présent dans le médicament Sativex utilisé pour traiter cette pathologie.
- Les vomissements et nausées : grâce à ses propriétés antiémétiques, le cannabidiol aide à combattre les nausées et les vomissements provoqués par la chimiothérapie.
- Les troubles neuropsychiatriques et neurologiques : le CBD agit comme un neuro-protecteur pour lutter contre la modification pathologique des neurones.
- L’addiction aux drogues : le cannabidiol est une alternative efficace à l’utilisation du cannabis normal. En effet, le CBD produit des effets pouvant aider à abandonner le tabac et à éviter tout comportement addictif.
Vers une expérimentation du cannabis médical ?
Après plusieurs années de réticence sur le sujet, l’ANSM va finalement expérimenter le cannabis thérapeutique. En septembre 2018, cette agence a annoncé la mise en place d’un comité scientifique qui se chargera spécialement d’étudier les possibilités de commercialiser le cannabis médical dans les jours à venir. Aussitôt installé, le comité a tenu trois auditions qui lui ont permis d’autoriser l’utilisation du cannabis à des fins médicales pour certains patients.
En novembre dernier, un avis publié par le Comité Éthique et Cancer est venu renforcer le travail du comité scientifique mis en place par l’ANSM. En conséquence, cette agence a pris la résolution de mettre le cannabis médical à l’essai. Il serait question d’autoriser l’utilisation de cette plante et de certains produits dérivés pour traiter des maladies réfractaires. D’après nos informations, les objectifs de cette expérimentation seraient de vérifier la véracité et la pertinence du résultat des travaux du comité scientifique.
Lorsqu’il s’agit de rendre disponibles des produits dont les effets sont controversés, les expérimentations ont généralement tendance à prendre beaucoup de temps. En effet, les autorités doivent tout faire pour s’assurer de l’efficacité du produit et préserver le bien-être des consommateurs. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’ANSM a mandaté des experts indépendants qui travaillent sur le produit afin d’étudier tous ses effets.
Si le cannabis thérapeutique devait réellement être autorisé, on peut entrevoir que de nombreuses normes et mesures seront imposées pour réglementer sa production et son utilisation. De même, des questions liées à sa prescription, sa commercialisation et les formes sous lesquelles ces produits seront proposés devront également faire l’objet de débats houleux.
Dans tous les cas, le cannabidiol reste un business lucratif, qui plus est bénéfique pour la santé. Il revient à chacun de décider ou non de l’utiliser, que ce soit pour aider les consommateurs de cannabis à se tourner vers une consommation plus saine ou pour traiter des maladies.